Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
room (and board)
12 janvier 2009

Mademoiselle Agnès et le turban bleu


- Mais qui est donc cette Mademoiselle Agnès?

- C’est une sorte de rédactrice de mode, Grand-Mère, une journaliste quoi.

En robe longue ? Dans sa cuisine ? Grand-Mère referma le Figaro Madame, soupira et leva au ciel ses yeux creux. On ne cuisine pas en robe de bal ; lorsque nous habitions Lyon nous avions des gens - jamais Grand-mère ne franchit le seuil d’une cuisine. Ni d’un office.

Elle se mit alors à fredonner le Chant des Partisans. Lalalala le cri sourd….lalalala….ton Oncle Hubert était dans les FFI. Nous avons résisté tu sais. J’ai froid aux épaules. Mathilde ! Qu’est ce qu’elle fait cette dinde ? Mathilde ! Elle faisait tourner des bagues lourdes autour de ses doigts décharnés et fixait mes cheveux ras. Tes cheveux sont trop courts. Je n’aime pas ça.

La petite pendule sonna 4 coups. Elle ne la remonte jamais. Elle ne fait rien bien de toute façon ; Mathilde me fatigue. Mathilde ! Nous ne connaissions pas les Laval. Jamais. Non jamais.

Je regardai ma montre. Ne pars pas. Tu as besoin d’argent ? Que voulez-vous Monsieur ?

C’est moi Grand-mère. C’est Room. Tu as besoin d’argent ? J’en ai encore, tu sais. La grosse Mathilde vint remettre le châle sur les épaules de Grand-mère et manœuvra le fauteuil roulant, marche arrière, demi-tour droite, direction Question pour un Champion. Je déteste la télévision. Ami entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaine ? Lala lalala mmm lalalalala c’est l’alarme….Nous n’avons pas dénoncé. Arrêtez de me pousser idiote ! Tu m’entends Room? Lala lalala connaîtra le prix du sang et des larmes, lala lalala lalalalala…..Au revoir Monsieur.

Au revoir Madame.

Grand-mère s’éloigna lentement en crissant des pneus, oubliant le temps où sur ses cheveux tondus elle portait un turban bleu.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
j'avais oublié à quel point je (te ) suis groupie.
A
Voyez-vous, ma petite Mathilde, il y a confusion. Je portais des turbans bien avant, depuis, oh, quarante-et-un peut-être. Oui. C'était la mode vous comprenez ? La mode. Des turbans extravagants. Mais ce pauvre Room — oh mon dieu, quand je le vois — oui, ce pauvre Room mélange tout. Il veut faire de la légende avec tout. Quel enfant. Il est resté très enfant. C'est un peu ma faute. Tout ce fric. Bref. J'ai envie de turban ce soir, tout ça me donne envie de turban. Qu'il y-a-t-il au menu ce soir ?
Publicité
Archives
Publicité