Option 1
Tu as fui ? me demanda-t-elle en cochant réponse b sur
le test « quelle infidèle êtes-vous ? » de Marie Glaire - celui
de décembre avec les cadeaux à moins de 50€. Tu as fui ?
Oui. Je me suis
retiré dans le bruit, je me suis entouré de vacarme pour fuir mes hurlements. J’ai
fait venir des grosses caisses, loué des klaxons pour des prestations forfait
week-end, j’ai trainé sur des chantiers. J’ai gardé des enfants. Ceux qui
braillent. C’était bien.
Je ne m’entendais
plus.
Ce jour là, je me
suis remis à parler, à articuler comme sur mon clavier. J’ai même réussi à discuter.
Ce fut bref. Mais le ton est monté ; lui criait plus fort que mon cœur,
faisait des gestes larges et ses yeux bougeaient dans tous les sens.
J’ai parlé avec des
mots, des phrases jolies et bien faites, je parlais de moi parfois, souvent, je
n’écoutais plus, je n’écrivais plus. Je savais enfin parler.
Qu’est-ce que tu répondrais à la 5 ; vous seriez
plutôt a- un bœuf bourguignon, b- un jambon beurre cornichon, c- une salade César
ou d- un bol de soupe bio ? C’est dur non ? Tu ne voulais plus rien dire ?
C’est ça hein ?
Je ne voulais plus
rien dire, c’est ça hein, plus rien dire – des yeux perdus entre un bol de
soupe et une laitue iceberg stérilisent à jamais toute tentative de discussion –
j’ai fui, tu vois, tu vois bien là, le silence dans lequel j’étais si bien.
Parce que je voulais entendre autre chose que moi, entendre ce qui se passe.
Pas écouter. Entendre, subir aussi.
Ça t’a plu ?
La d- c’est bien non ?
Je me suis tu.